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L'albatro (L'albatros)

  • Charles Baudelaire
  • Sep 26, 2017
  • 1 min read

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, qui suivent, indolents compagnons de voyage, le navire glissant sur les gouffres amers.

À peine les ont-ils déposés sur les planches, que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, laissent piteusement leurs grandes ailes blanches comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, l'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées qui hante la tempête et se rit de l'archer; exilé sur le sol au milieu des huées, ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

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Spesso, per divertirsi, le ciurme catturano degli albatri, grandi uccelli marini, che seguono, compagni di viaggio pigri, il veliero che scivola sugli amari abissi.

E li hanno appena deposti sul ponte, che questi re dell’azzurro, impotenti e vergognosi, abbandonano malinconicamente le grandi ali candide come remi ai loro fianchi.

Questo alato viaggiatore, com’è goffo e leggero! Lui, poco fa così bello, com’è comico e brutto! Qualcuno gli stuzzica il becco con la pipa, un altro scimmiotta, zoppicando, l’infermo che volava!

Il poeta è come il principe delle nuvole che abituato alla tempesta ride dell’arciere; esiliato sulla terra fra gli scherni, non riesce a camminare per le sue ali di gigante.


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